Quelques anecdotes et expériences édifiantes
La cave de l’Université de Davis (Californie) s’est amusée à réaliser la même vinification de chardonnay avec dix souches de levures différentes, sur un même moût, à une température maintenue constante. Verdict : chaque vin délivrait un profil distinct. Certains révélaient des arômes éclatants de pêche et de fruits à noyaux. D’autres accentuaient l’acidité et le citron confit, tandis que certaines souches inhibaient l’expression variétale.
Même au sein d’un domaine, il n’est pas rare de vinifier des parcelles voisines avec deux levures différentes pour « tester l’accord levure-terroir ». Beaucoup de grands domaines des Côtes du Rhône ou du Bordelais choisissent d’ensemencer une cuve sur deux, conservant une part de fermentation spontanée pour gagner en complexité, tout en sécurisant la fermentation globale du millésime.
Un autre exemple, tiré des Sancerre, où une souche sélectionnée a permis de trancher nettement le profil des sauvignons : certains domaines, en misant sur des levures produisant beaucoup de thiols, ont vu leurs vins gagner des explosifs arômes de buis et de groseille, pour séduire le marché anglo-saxon friand de sauvignon à la néo-zélandaise.