Quels défauts aromatiques risquent d’apparaître ?
Au nez, certains arômes peuvent surprendre, repousser, voire dominer de façon écrasante – loin de la complexité attendue. Les risques sont nombreux, parmi lesquels quelques familles majeures de défauts aromatiques alternent en fonction des causes de la fermentation mal contrôlée :
1. Les notes animales, de cuir ou de sueur : l’envolée des Brettanomyces
Sans surprise, l’un des grands classiques : si la fermentation est mal menée ou que l’hygiène en cave laisse à désirer, les levures de la famille Brettanomyces (« Bretts ») peuvent prendre le dessus. Elles sont redoutées pour leur production de phénols volatils comme le 4-éthylphénol et le 4-éthylguaiacol. Résultat dans le verre :
- Arômes évoquant l’écurie, le cuir mouillé, la sueur de cheval, voire le hôpital
- Masquage systématique du fruit et perte de fraîcheur
Les « Bretts » ne sont pas que négatives : à très faibles doses, certains amateurs les tolèrent ou y voient de la complexité, notamment dans des vins rouges évolués. Mais dès que le seuil d’acceptabilité est franchi (vers 400 μg/L pour le 4-éthylphénol selon l’IFV), le vin devient rapidement caricatural. Sources : Institut Français de la Vigne et du Vin, OIV.
2. Les notes de vinaigre et de dissolvant : les dangers de l’acidité volatile
Dans des conditions anaérobies mal assurées, des bactéries acétiques peuvent convertir l’alcool en acide acétique (essence du vinaigre) ou en éthyl-acétate (senteur de colle ou vernis à ongle). Inquiétudes :
- Apparition d’une volatile perceptible dès 0,6 g/L (um threshold, source OIV)
- Dévalorisation du vin au concours ou à la vente, certains marchés étant intransigeants au-delà de 0,5 g/L
Le nez fruité est écrasé, la bouche paraît dure, voire brûlante, lorsque le défaut est marqué.
3. Les notes soufrées et d’œuf pourri : le piège des composés soufrés
En l’absence d’aération suffisante ou en cas de carence nutritive pour les levures, la production de composés soufrés indésirables s’envole. Parmi eux :
- Sulfure d’hydrogène (« œuf pourri ») détectable dès 1,1 à 1,6 μg/L (source AWRI)
- Mercaptans et thiols, responsables d’odeurs d’asperge, caoutchouc, chou cuit ou moufette
Ce groupe de défauts est non seulement extrêmement désagréable, mais aussi difficile à éliminer après la fermentation.
4. Les arômes lactiques ou de yaourt : dérives de la fermentation malolactique
La fermentation malolactique, qui survient souvent après la fermentation alcoolique, est le domaine de prédilection des bactéries lactiques – en particulier Oenococcus oeni. Normalement surveillée, elle peut déraper :
- Notes de beurre rance (diacétyle, détectable dès 0,2 mg/L)
- Parfois arômes de yaourt, lait tourné, bonbon anglais
- Risques de piqûre lactique (arômes aigres, désagréables, acidité accrue)
Un excès ou un mauvais contrôle nuisent à la pureté et à la finesse attendue, surtout sur des cépages délicats.
5. Les arômes herbacés, amidonnés ou « boisés » non désirés
Certaines techniques destinées à alpha-capter les arômes (utilisation de bois, macérations trop longues, etc.) ou une fermentation incomplète peuvent générer :
- Notes végétales dominantes (poivron vert, foin, tige de tomate) typiques des pyrrolidines
- Saveurs d’amidon ou mie de pain si les sucres restent non transformés
- Boisé non intégré, asséchant le vin et masquant sa complexité