Méthodes traditionnelles de vinification du rosé
La production des rosés traditionnels repose principalement sur deux techniques, à la fois historiques et modernes, chacune donnant naissance à des styles bien spécifiques.
Le pressurage direct : la voie de la délicatesse
Ici, le raisin noir destiné au rosé est pressé immédiatement après la récolte, comme pour un vin blanc. Les peaux restent brièvement en contact avec le jus, juste assez pour lui conférer une nuance rosée – en général de quelques dizaines de minutes à deux heures. Ce procédé donne des vins très pâles, d’une élégance cristalline, appréciés pour leur fraîcheur et leurs arômes subtils de petits fruits rouges, d’agrumes, ou parfois floraux. C’est la méthode emblématique de la Provence, région qui assure à elle seule 35% de la production nationale de rosé en France (CIVP), mais aussi du Pays d’Oc ou du Val de Loire.
- Atout technique : très peu de tannins, d’où des vins gourmands et faciles à boire.
- Limite : risques de dilution aromatique si la matière première manque de concentration.
La saignée : intensité et structure
Autre méthode classique : la « saignée », qui consiste à prélever une partie du moût d’une cuve de vin rouge en cours de macération, après 6 à 24 heures de contact avec les peaux. Cette saignée (d’où son nom) offre une belle intensité de couleur et des arômes plus marqués de fruits rouges, cerise, framboise, parfois épices. Elle est souvent pratiquée dans le Bordelais, le Sud-Ouest ou certaines appellations de la Vallée du Rhône. Un avantage : la cuve de rouge restante, avec une concentration accrue, gagne en richesse tannique. Le rosé issu de saignée est plus charpenté, apte à accompagner une cuisine plus sophistiquée.
- Souvent utilisé pour : des cuvées de garde ou des accords gastronomiques.
- Inconvénients : Style parfois plus massif, moins de vivacité si le raisin était trop mûr.