Le vin rouge : naissance d’un caractère
La vendange et la réception
Tout commence par le choix du moment de récolte, crucial pour l’équilibre sucre-acidité-structure. Les baies rouges sont égrappées ou non, en fonction du style désiré. À Bordeaux, l’éraflage est courant pour éviter l’apport de tanins herbacés par les rafles, tandis qu’en Bourgogne, certains optent pour la grappe entière pour la fraîcheur et le soyeux.
La macération, secret des arômes et de la couleur
Le vrai “tour de magie” du vin rouge réside dans la macération : la peau, la pulpe et parfois les pépins communiquent couleurs, tanins et arômes primaires au jus — le moût. Elle s’étale classiquement sur 1 à 3 semaines. À température contrôlée (25-30°C), les pigments (anthocyanes) se libèrent : un millésime chaud accroît l'extraction, tandis que la macération pré-fermentaire à froid (8-15°C, 3-5 jours), inspirée de la Bourgogne, exalte le fruit et module la structure tannique.
- La fermentation alcoolique débute quand les levures transforment les sucres du jus en alcool. Avec l’élévation de température, les arômes évoluent, l’alcool apparaît, et la bouche se construit.
- Le remontage et le pigeage (bâtônnage du chapeau de marc) maintiennent le contact solide-liquide. En 2021, dans le Bordelais, certains domaines opèrent jusqu'à deux remontages quotidiens pour maximiser l’extraction aromatique (source : Vitisphère).
Le pressurage : extraire, mais pas trop
Au terme de la fermentation, le vin de goutte est soutiré : c’est le jus qui s’est écoulé naturellement. Le marc résiduel est alors pressé pour en extraire le “vin de presse”, souvent plus riche et tannique, à assembler ou non selon le profil recherché.
Élevage et choix du contenant : inox, bois ou béton ?
- La cuve inox préserve le fruit, sans échange avec l’oxygène.
- La cuve béton offre une micro-oxygénation subtile et une inertie thermique recherchée, particulièrement pour les vins rouges souples du Sud-Ouest.
- La barrique de chêne nuance la structure, apporte des arômes toastés ou vanillés et accompagne l’évolution des plus grands crus.
En Médoc, les Grands Crus sont souvent élevés 18 à 24 mois en fût (source : CIVB). En Beaujolais, la tendance va à des élevages plus courts en béton pour préserver les notes fruitées.